📝EN BREF
- Les recherches montrent que la vitamine B12 restaure rapidement les niveaux d’adénosine triphosphate (ATP) dans les cellules pancréatiques, empêchant l’activation des enzymes destructrices à l’origine de l’inflammation de la pancréatite aiguë.
- Les personnes présentant naturellement des taux de vitamine B12 plus élevés ont un risque significativement plus faible de développer une pancréatite aiguë, et ce, indépendamment de leur mode de vie.
- La vitamine B12 améliore le métabolisme énergétique en convertissant le méthylmalonyl-CoA en succinyl-CoA, stabilisant ainsi les membranes cellulaires et maintenant les enzymes digestives confinées dans leur compartiment approprié.
- L’administration précoce de vitamine B12 offre la meilleure protection. Une supplémentation quotidienne de 1 000 à 2 000 microgrammes est recommandée, ou des injections mensuelles en cas de carence sévère.
- Pour une santé pancréatique optimale, associez des aliments riches en vitamine B12 (tel que le foie d’animaux nourris à l’herbe), une consommation minimale d’huiles végétales et une activité physique régulière.
🩺Par le Dr. Mercola
Le pancréas est une glande qui produit l’insuline, une hormone essentielle à la régulation de la glycémie. Il sécrète également des enzymes digestives, lesquelles sont stockées sous forme inactive avant d’être libérées dans l’intestin grêle pour accomplir leur fonction. Cependant, il arrive que ces enzymes s’« activent » prématurément, agissant alors comme des sucs digestifs à l’intérieur même du pancréas. Ceci provoque une réponse immunitaire qui se solde par une pancréatite aiguë.
Non traitée, la pancréatite aiguë provoque des douleurs importantes et accroît les risques d’infection, d’insuffisance rénale et de diabète. Le traitement standard repose généralement sur des antalgiques, sans toutefois s’attaquer à la cause du problème. Cependant, des études révèlent qu’un nutriment courant permet d’enrayer la crise et même de régénérer le pancréas : la vitamine B12.
La vitamine B12 répare les lésions pancréatiques
Une étude publiée dans MedComm a examiné les mécanismes de protection de la vitamine B12 sur le pancréas durant un épisode de pancréatite aiguë. En croisant des analyses génétiques chez l’homme avec des expérimentations en laboratoire sur des souris, les chercheurs ont élucidé comment la vitamine B12 prévient directement la mort des cellules pancréatiques et réduit considérablement l’inflammation lors des crises aiguës.
• Les analyses génétiques confirment les bienfaits de la vitamine B12 : En étudiant les variations génétiques naturelles liées aux taux de vitamine B12, les chercheurs ont établi que les personnes génétiquement prédisposées à des niveaux plus élevés de cette vitamine ont un risque significativement plus faible de développer une pancréatite aiguë. Cette corrélation est restée significative après la prise en compte de facteurs tels que le mode de vie ou l’alimentation, qui compliquent habituellement les études observationnelles.
• Les modèles animaux corroborent les analyses humaines : Les chercheurs se sont intéressés spécifiquement aux cellules acineuses, les cellules pancréatiques qui sécrètent les enzymes digestives et qui sont sévèrement endommagées lors d’une pancréatite aiguë.
Pour leur expérience, l’équipe a utilisé des souris génétiquement modifiées dépourvues du récepteur de la transcobalamine pour la vitamine B12, une protéine essentielle à son absorption. Privées de ce récepteur, les cellules ne pouvaient plus absorber ni utiliser la B12 correctement, reproduisant ainsi une situation similaire à une carence chez l’homme.
• La supplémentation en vitamine B12 a produit des résultats immédiats : Quelques heures seulement après l’administration de B12, les lésions pancréatiques chez les souris étaient considérablement réduites. Les taux d’enzymes digestives comme l’amylase, qui s’envolent lors d’une pancréatite sévère, sont rapidement revenus à la normale.
• La B12 a efficacement stoppé la progression de la destruction cellulaire : Au microscope, les tissus pancréatiques traités à la B12 présentaient une structure cellulaire remarquablement préservée. La nécrose, c’est-à-dire la dégradation destructive des cellules, était considérablement réduite. Les chercheurs constatent :
« D’après nos observations, la supplémentation en ATP n’a pas accru de manière significative le niveau d’inflammation, mais elle a efficacement prévenu la nécrose cellulaire au cours de l’évolution de la pancréatite aiguë induite, et ceci aussi bien chez les souris carencées en absorption de VB12 que chez les souris de type sauvage. Ainsi, la VB12 restaure les structures pancréatiques et protège les cellules acineuses dans la phase précoce de la pancréatite chez les modèles murins, et ce, via la voie de production d’ATP ».
• Le moment de l’administration est un facteur déterminant : L’administration de vitamine B12 dès le début de l’inflammation a procuré le plus grand bénéfice, en stoppant rapidement, voire en inversant, les lésions cellulaires précoces. Toutefois, même un traitement tardif a permis de ralentir les processus destructeurs.
• Certaines populations tireront un profit maximal d’un apport accru en vitamine B12 : Les chercheurs ont noté que les personnes génétiquement prédisposées à une moins bonne absorption de la vitamine B12, ou dont l’apport alimentaire est limité, sont susceptibles d’observer les améliorations les plus nettes. En effet, ces populations partent généralement de niveaux de base plus faibles. La supplémentation constitue alors un coup de pouce essentiel, au moment même où les besoins cellulaires culminent lors des épisodes de pancréatite aiguë.
• Mécanisme d’action moléculaire de la vitamine B12 : L’adénosine triphosphate (ATP), source d’énergie primaire de toutes les cellules de l’organisme, est au cœur des effets protecteurs de la vitamine B12. Lorsque la pancréatite survient, la production d’ATP chute brutalement, privant les cellules de l’énergie nécessaire au maintien de leur intégrité structurelle et de leur fonctionnement normal.
La vitamine B12 a rapidement inversé cette situation en restaurant les niveaux d’ATP via une optimisation des voies énergétiques mitochondriales, notamment en convertissant le méthylmalonyl-CoA en succinyl-CoA, une étape clé qui relance la production d’énergie.
Cette restauration de l’ATP est cruciale, car maintenir des niveaux sains d’ATP empêche directement l’activation prématurée des enzymes pancréatiques à l’intérieur des cellules, ce qui, comme mentionné précédemment, est l’élément déclencheur de la cascade destructrice de la pancréatite aiguë. Sans un apport suffisant en ATP, les cellules pancréatiques s’affaiblissent et se dégradent, les enzymes digestives s’échappent prématurément et le pancréas commence littéralement à s’autodigérer.
En assurant un réapprovisionnement rapide en ATP, la vitamine B12 stabilise les membranes cellulaires et préserve l’intégrité intracellulaire, maintenant les enzymes destructrices confinées en toute sécurité dans leurs compartiments dédiés.
• La vitamine B12 agit directement sur le pancréas : Les chercheurs ont écarté les voies métaboliques indirectes souvent associées à la B12, comme la régulation du taux d’homocystéine. Leurs expériences ont au contraire confirmé un mécanisme mitochondrial direct. Ils rapportent :
« [N]os résultats indiquent que le folate et l’homocystéine ne sont pas associés à la pancréatite aiguë chez l’homme, ce qui exclut la possibilité que la VB12 exerce un rôle protecteur dans l’évolution de la pancréatite aiguë via la voie de l’homocystéine ou du folate. Il est très probable que la VB12 restaure les structures pancréatiques et protège les cellules acineuses dans la phase précoce de la pancréatite chez les modèles murins via le métabolisme énergétique basé sur le succinyl-CoA, qui est impliqué dans la production d’ATP ».
La vitamine B12 renforce les défenses cellulaires en ciblant les dommages oxydatifs
Dans une étude connexe publiée dans Oxidative Medicine and Cellular Longevity, des chercheurs ont exploré comment la vitamine B12 réduit la gravité de la pancréatite aiguë en luttant contre le stress oxydatif et en améliorant la fonction mitochondriale. Les chercheurs se sont penchés sur les mécanismes biochimiques tendant les effets protecteurs de la B12 en utilisant un modèle de pancréatite chimiquement induite chez l’animal. L’équipe a ensuite mesuré les niveaux d’inflammation, les dommages oxydatifs et la survie cellulaire après l’administration de différentes doses de vitamine B12.
• Une amélioration spectaculaire de la santé pancréatique globale a été observée : Les chercheurs ont constaté une nette diminution des marqueurs de stress oxydatif qui s’accumulent rapidement lors d’une pancréatite. Ils expliquent :
« Comme prévu, la VB12 a supprimé l’augmentation des ROS intracellulaires induite par le traitement au NaT, et ceci de manière dose-dépendante. Divers facteurs de transcription du système antioxydant sont régulés par Nrf2 pour maintenir l’homéostasie redox des cellules et les protéger des dommages oxydatifs. L’analyse par Western blot a montré que la VB12 inhibait la diminution de l’expression de Nrf2 dans les cellules acineuses exposées au NaT.
De même, la p-P38, un marqueur de stress oxydatif, a augmenté dans le groupe traité au NaT tandis que la VB12 inhibait son expression. Ces résultats indiquent que l’apparition du stress oxydatif dans la pancréatite aiguë pourrait être due à un déficit en CBS et pourrait être améliorée par la VB12 ».
• La vitamine B12 améliore la fonction mitochondriale : Normalement, la pancréatite aiguë endommage gravement les mitochondries, entraînant une chute vertigineuse de la production énergétique. Cependant, l’administration de vitamine B12 a rapidement amélioré la santé mitochondriale, stabilisant la production d’énergie et garantissant au pancréas le carburant nécessaire à son autoréparation. Cette amélioration de la fonction mitochondriale a été observée dans les 24 heures suivant le traitement. Les chercheurs ajoutent :
« [N]ous présumons que la VB12 pourrait améliorer l’altération mitochondriale liée au déficit en CBS dans les cellules acineuses […] Parkin, le principal régulateur de l’autophagie mitochondriale, était significativement réduit, et l’expression de la protéine liée à l’autophagie LC3II et de la protéine adaptatrice de l’autophagie P62 était augmentée après une charge en NaT, tandis que le traitement par VB12 augmentait l’expression de Parkin et diminuait les niveaux de LC3II et de P62.
Ces résultats confirment notre hypothèse selon laquelle la VB12 peut restaurer la fonction mitochondriale en promouvant la mitophagie ».
• Le moment de l’administration est crucial : Conformément à l’étude MedComm, les chercheurs ont observé les bénéfices les plus substantiels chez les animaux ayant reçu des doses précoces et plus élevées de vitamine B12. L’administration de B12 dès le début de l’inflammation aiguë a permis la réduction la plus efficace des dommages cellulaires. Mais même à des stades plus tardifs, la supplémentation a continué d’apporter des améliorations notables.
• La vitamine B12 exerce ses effets protecteurs en activant la voie CBS/SIRT1 : La CBS (cystathionine-β-synthase) est une enzyme qui régule les défenses antioxydantes de l’organisme en influençant les niveaux de glutathion. L’étude précise :
« La CBS régule le métabolisme de l’homocystéine et contribue à la biosynthèse du GSH (glutathion). Par ce biais, elle joue des rôles multifonctionnels dans la régulation de l’énergie cellulaire, du statut redox, de la méthylation de l’ADN et de la modification des protéines. Cliniquement, les patients souffrant d’un déficit en CBS non traité développent diverses pathologies, notamment une hyperhomocystéinémie, des thromboses, de l’ostéoporose et un retard mental ».
• La vitamine B12 a significativement accru l’activité de la CBS : Ce faisant, elle a stimulé la production de glutathion, améliorant la capacité des cellules à neutraliser efficacement le stress oxydatif. Votre pancréas se trouve ainsi mieux armé pour gérer l’inflammation et réparer les tissus lésés.
Parallèlement, la vitamine B12 a renforcé l’activité de la SIRT1, améliorant ainsi la capacité des cellules à se remettre des dommages oxydatifs en activant des mécanismes de réparation au sein des mitochondries, aidant ces dernières à retrouver leur fonction normale.
• La SIRT1 est vitale pour la survie et la longévité cellulaires : En lien avec la découverte ci-dessus, le blocage de l’activité de la SIRT1 a annulé la plupart des effets bénéfiques de la B12, prouvant davantage que cette voie biochimique spécifique est essentielle.
Lorsque la voie CBS/SIRT1 a été perturbée expérimentalement, les effets protecteurs de la vitamine B12 ont presque disparu, soulignant l’importance cruciale de ces enzymes dans son mécanisme d’action. Il est donc clair qu’optimiser les fonctions de la CBS et de la SIRT1 par une supplémentation en vitamine B12 soutient votre pancréas lorsque l’inflammation et le stress cellulaire surviennent.
Protégez votre pancréas avec ces stratégies pratiques
Si vous êtes confronté à une pancréatite aiguë ou souhaitez la prévenir, votre objectif est de vous attaquer aux causes profondes que sont la dysfonction mitochondriale, le stress oxydatif et la production énergétique cellulaire altérée. D’après les recherches publiées, la vitamine B12 joue un rôle clé dans le soutien d’une fonction pancréatique optimale. Pour en tirer parti, voici mes recommandations :
1. Faites d’abord doser votre taux : Si vous avez plus de 50 ans ou que vous ne vous sentez pas bien, demandez à votre médecin un dosage de la vitamine B12. Des analyses sanguines régulières tous les six à douze mois permettent également une intervention précoce pour maintenir des niveaux optimaux de vitamine B12.
2. Augmentez votre apport en vitamine B12 : Commencez par enrichir votre alimentation en aliments riches en vitamine B12, tels que le foie de bœuf nourri à l’herbe, les œufs de poules élevées en plein air et les sardines sauvages. Envisagez également une supplémentation en B12 pour vous assurer un apport suffisant afin de stabiliser vos mitochondries et de réduire rapidement l’inflammation.
La supplémentation par voie orale est généralement efficace en cas de carence légère à modérée, avec des doses allant de 1 000 à 2 000 microgrammes par jour. Les injections intramusculaires, souvent administrées une fois par mois, sont davantage recommandées en cas de carence sévère ou de malabsorption.
3. Utilisez du diméthylsulfoxyde (DMSO) : Outre la B12, le diméthylsulfoxyde (DMSO) améliore considérablement vos défenses antioxydantes, aidant à neutraliser rapidement le stress oxydatif dans la pancréatite. Le DMSO améliore l’oxygénation cellulaire et aide à acheminer les antioxydants précisément là où votre pancréas en a le plus besoin, restaurant rapidement la santé tissulaire et l’équilibre énergétique.
Dans une étude, les chercheurs ont mené un essai en double aveugle sur 78 patients souffrant de pancréatite chronique récidivante. Sur ce total, 26 d’entre eux ont reçu une administration rectale de DMSO à 10 % ; au moins 57 % de ce groupe étaient exempts de douleur après 12 heures, contre 17 % dans le groupe témoin. Au bout de 24 heures, tous les patients du groupe DMSO étaient libérés de la douleur. Tous les sujets traités au DMSO ont été libérés après trois jours, contre seulement 22 % du groupe témoin après cinq jours d’hospitalisation.
4. Minimisez votre consommation d’acide linoléique (AL) : Si votre alimentation comprend des aliments riches en AL, vous attisez le feu inflammatoire dans votre pancréas. Ainsi, éliminer ces huiles nocives permet de stopper l’inflammation à sa source, de réduire le stress oxydatif et de permettre à vos mitochondries de récupérer rapidement.
Je recommande de réduire votre apport en AL à moins de 5 grammes par jour, mais si vous pouvez le ramener en dessous de 2 grammes, c’est encore mieux. Pour vous aider à atteindre cet objectif, pensez à télécharger mon application Mercola Health Coach, la version bêta sera publiée la première semaine de juin, et la version complète arrivera en juillet. Elle comprend une fonctionnalité utile appelée « Seed Oil Sleuth », qui suivra votre consommation d’AL au dixième de gramme près.
5. Mettez-vous à l’exercice : Une autre mesure complémentaire utile pour la santé pancréatique est la pratique régulière d’une activité physique. Dans une étude publiée dans PLoS One, des chercheurs ont noté que les personnes passant plus de temps devant un écran durant leurs loisirs ont un risque accru de pancréatite. En effet, elles ont généralement de mauvaises habitudes alimentaires qui favorisent les calculs biliaires, un déclencheur fréquent de la pancréatite aiguë.
Cela dit, je vous recommande de commencer par la marche, car c’est l’un des meilleurs exercices pour votre santé. Dans mon entretien avec le Dr James O’Keefe, il a indiqué que votre risque de mortalité diminue de 10 % à 15 % pour chaque millier de pas supplémentaires effectués. Plus important encore, il a souligné que la marche améliore également le taux de survie toutes causes confondues deux fois plus efficacement qu’un exercice vigoureux. Pour une discussion approfondie sur ce sujet, lisez « Les avantages de la marche – Comment faire plus de pas cet été ».
