📝EN BREF

  • Le gingembre possède une longue histoire d’utilisation pour apaiser les troubles digestifs et des recherches modernes confirment sa capacité à réduire l’inflammation intestinale tout en favorisant la réparation du tissu intestinal.
  • La maladie inflammatoire de l’intestin (MII) augmente le risque de complications graves pour la santé. Des pathologies telles que la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique provoquent diarrhée, douleurs abdominales et fatigue, avec un risque accru de malnutrition, de lésions intestinales et de cancer colorectal en l’absence de traitement.
  • Une étude récente a montré que la furanodiénone (FDN), un composé du gingembre, active le récepteur X du pregnane (PXR), ce qui réduit l’inflammation intestinale et le stress oxydatif. Elle renforce également la barrière intestinale afin d’empêcher les bactéries nocives de passer dans le sang.
  • L’utilisation précoce des composés du gingembre améliore les résultats : elle diminue la sévérité des symptômes et accélère la récupération en cas d’inflammation intestinale, notamment lorsqu’elle est initiée aux premiers signes de troubles digestifs.
  • Une autre étude a révélé que les gingérols et shogaols suppriment la suractivité immunitaire en diminuant l’IL-1β et le TNF-α, tout en bloquant des voies inflammatoires majeures aggravant les pathologies chroniques intestinales.

🩺Par le Dr. Mercola

Le gingembre (Zingiber officinale) est un pilier de la médecine traditionnelle depuis des siècles, reconnu à travers diverses cultures pour ses propriétés apaisantes sur les troubles digestifs et son action anti-inflammatoire. Ses effets bénéfiques sur les affections gastriques, les nausées et les troubles intestinaux sont mentionnés dans des textes anciens ayurvédiques et chinois.

Aujourd’hui, un nombre croissant d’études confirment ces bienfaits, notamment une recherche récente soulignant la capacité de cet aliment à contrôler l’inflammation chronique de l’intestin, y compris dans la maladie inflammatoire de l’intestin (MII).

La MII regroupe des pathologies caractérisées par une inflammation chronique du tube digestif, telles que la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique. Ces maladies se manifestent par une diarrhée persistante, des douleurs abdominales sévères, de la fatigue et une perte de poids involontaire. À long terme, elles entraînent malnutrition, dommages intestinaux et un risque accru de cancer colorectal.

Comment le gingembre lutte contre l’inflammation intestinale

Une étude récente menée sur des modèles animaux et publiée dans la revue « Nature Communications » a exploré comment un composé spécifique du gingembre, la furanodiénone (FDN), exerce des effets protecteurs anti-inflammatoires dans l’intestin.

• La FDN se lie sélectivement à un récepteur nucléaire dans l’intestin : Cela permet de réduire l’inflammation et de protéger la barrière intestinale, contribuant à prévenir des pathologies inflammatoires telles que la rectocolite hémorragique et la maladie de Crohn.

• Elle active le récepteur X du pregnane (PXR) : Le FDN stimule ce récepteur central dans la régulation de la réponse immunitaire intestinale. Cela diminue significativement les symptômes de colite, notamment la perte de poids, les lésions intestinales et les marqueurs inflammatoires élevés.

• La modulation du PXR favorise la guérison intestinale : Une fois activé, ce récepteur réduit la production de molécules inflammatoires comme le facteur de nécrose tumorale alpha (TNF-α) et l’interleukine-6 (IL-6), deux agents majeurs de l’inflammation chronique. Le PXR atténue ainsi la réaction excessive du système immunitaire, permettant au tissu intestinal de se régénérer. Comme l’explique un article publié sur « News-Medical.net » :

« Le PXR joue un rôle spécifique dans le métabolisme des substances étrangères, telles que les toxines alimentaires et les médicaments. L’interaction entre la FDN et le PXR doit être rigoureusement contrôlée car une suractivation du récepteur pourrait augmenter le métabolisme et la puissance d’autres médicaments et métabolites de signalisation dans l’organisme ».

• Chez des souris traitées à la FDN, l’inflammation a drastiquement diminué : Comparé à des animaux non traités, leur tissu intestinal présentait également un niveau moindre de stress oxydatif et moins de signes de lésions. Ces résultats suggèrent que les composés dérivés du gingembre bloquent non seulement l’inflammation mais protègent aussi les cellules intestinales contre les complications à long terme et les infections.

Ils indiquent que la FDN apaise l’inflammation intestinale tout en aidant à réparer les dégâts liés à l’activation chronique du système immunitaire. « Collectivement, ces résultats confirment le potentiel de la FDN comme agent thérapeutique pour le traitement et la prévention des maladies du côlon », concluent les chercheurs.

Un traitement précoce avec les composés du gingembre améliore les résultats

L’étude souligne également que la FDN améliore l’intégrité de la barrière intestinale. Dans la MII, la muqueuse intestinale est endommagée, ce qui permet aux bactéries et toxines de pénétrer dans la circulation sanguine et aggrave l’inflammation.

La FDN renforce la muqueuse en augmentant l’expression des protéines de jonction serrée, qui maintiennent les cellules intestinales solidement liées pour empêcher la fuite de substances nocives. Ainsi, la FDN participe activement à la réparation des défenses intestinales, réduisant la probabilité de rechutes.

• Plus le traitement est précoce, meilleurs sont les résultats : Les chercheurs ont observé que les souris traitées dès le début de la colite présentaient une diminution plus nette de la sévérité des symptômes et une guérison plus rapide.

Cela suggère que l’usage du gingembre aux premiers signes d’inflammation intestinale est plus efficace que d’attendre que les lésions s’aggravent. Même chez des souris présentant une inflammation avancée, la FDN aidait à réduire les symptômes, mais son efficacité était plus importante en début de traitement.

• Les composés du gingembre sont plus sûrs que les traitements conventionnels : L'étude précise que la FDN ne provoque pas d’effets toxiques sur d’autres organes comme le foie ou les reins. Cela en fait une alternative plus sûre aux traitements classiques tels que les corticostéroïdes ou immunosuppresseurs, qui peuvent entraîner des lésions hépatiques, des infections et d’autres effets secondaires.

Jiabao Liu, chercheur associé au Donnelly Centre for Cellular and Biomolecular Research de l’Université de Toronto et co-auteur de l’étude, déclare :

« Nous avons pu réduire l’inflammation du côlon chez la souris grâce à des injections orales de FDN. Notre découverte de la cible nucléaire de la FDN souligne le potentiel des médecines complémentaires et intégratives pour le traitement de la MII.
Nous pensons que les produits naturels peuvent réguler les récepteurs nucléaires avec plus de précision que les composés synthétiques, ouvrant la voie à des alternatives thérapeutiques abordables et accessibles ».

Les composés du gingembre régulent les cellules immunitaires pour réduire l’inflammation

Une autre étude récente, publiée dans « Frontiers in Immunology », a examiné l’effet des composés bioactifs du gingembre, notamment les gingérols et shogaols, sur les cellules immunitaires responsables de l’inflammation. Les chercheurs ont analysé l’impact de ces composés sur différents types cellulaires, essentiels dans les réponses inflammatoires et immunitaires.

• ls suppriment l’activité immunitaire excessive : Selon l’étude, les gingérols et shogaols interfèrent directement avec des voies inflammatoires clés. Ils réduisent la production de molécules pro-inflammatoires telles que l’interleukine-1 bêta (IL-1β) et le TNF-α.

• Ils bloquent la voie inflammatoire déclenchante : Ces composés inhibent l’activation du facteur nucléaire kappa B (NF-κB), une voie de signalisation majeure responsable de l’inflammation, ainsi que les voies MAPK (mitogen-activated protein kinase), qui participent à la suractivation des cellules immunitaires.

• Ils atténuent l’inflammation induite par les macrophages : Ces cellules immunitaires, chargées d’éliminer les agents pathogènes, deviennent souvent hyperactives dans la MII. Lorsqu’elles sont suractivées, elles libèrent une quantité excessive de médiateurs inflammatoires, endommageant la muqueuse intestinale.

Les auteurs ont montré que le 6-gingérol réduisait cette inflammation en diminuant la production de monoxyde d’azote (NO) et d’autres marqueurs inflammatoires. Il empêchait également les macrophages de libérer de fortes concentrations d’IL-1β et de TNF-α, responsables des lésions tissulaires dans l’intestin et d’autres organes.

•Ils influencent le système inflammasome : Cette analyse supplémentaire révèle que gingérols et shogaols agissent sur le système inflammasome, un mécanisme interne d’alerte déclenchant l’inflammation en présence de stimuli nocifs. La suractivation de cet inflammasome est associée à des maladies inflammatoires chroniques. Cet effet ajoute un niveau de régulation immunitaire, limitant l’inflammation excessive dans l’intestin et au-delà.

Dans l’ensemble, les recherches ont mis en lumière les effets des gingerols et shogaols qui agissent à plusieurs niveaux pour réduire l’inflammation : ils influencent directement les cellules immunitaires, bloquent des voies inflammatoires clés et soutiennent les processus métaboliques anti-inflammatoires. Les chercheurs ont souligné :

« Le gingembre est utilisé traditionnellement comme plante médicinale pour traiter de nombreuses affections, et en raison de sa puissante capacité immunomodulatrice, plusieurs études ont proposé les composés bioactifs dérivés du gingembre comme candidats pour la gestion et la prévention des maladies auto-immunes ».

Quels autres bienfaits le gingembre offre-t-il ?

Les plantes médicinales sont désormais largement reconnues pour leur capacité à protéger et même aider au traitement de diverses pathologies, et le gingembre se distingue par ses bienfaits globaux sur l’organisme. En réalité, une simple recherche sur mon site vous permettra de trouver de nombreux articles détaillant les multiples avantages d’intégrer cette racine modeste à votre alimentation. Voici quelques exemples notables des bienfaits impressionnants du gingembre :

• Possède des effets protecteurs contre le cancer : Lun des bienfaits les plus reconnus du gingembre est sa capacité à contribuer à la prévention de différents types de cancer, notamment du sein, du col de l’utérus16 et colorectal.

Dans une étude récente publiée dans le « Journal of Ethnopharmacology », des chercheurs ont mis en lumière la faculté du gingembre à inhiber et traiter le cancer colorectal en bloquant la prolifération des cellules cancéreuses, en provoquant une interruption du cycle cellulaire, en favorisant l’apoptose (mort cellulaire programmée) et en limitant l’invasion ainsi que la migration des cellules tumorales.

• Favorise un vieillissement en bonne santé : Une revue parue dans la revue « Oxidative Medicine and Cellular Longevity » souligne que le gingembre contribue à un vieillissement sain et protège contre les affections liées à l’âge, telles que la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, la démence, les troubles cardiovasculaires, respiratoires et gastro-intestinaux. Selon les chercheurs :

« Le vieillissement est un processus complexe déterminé par de multiples facteurs génétiques, cellulaires et environnementaux interdépendants. Le gingembre, l’un des produits naturels les plus couramment utilisés à des fins gastronomiques et médicinales, possède des propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires, anti-infectieuses et chimiopréventives avérées ».

• Offre un soulagement de la douleur : Des essais cliniques ont démontré que le gingembre peut moduler la douleur par divers mécanismes, notamment en inhibant les prostaglandines. Traditionnellement, le gingembre est utilisé pour traiter les douleurs associées aux menstruations, à l'arthrose, aux migraines et aux douleurs musculaires d'apparition tardive.

Pour en savoir plus sur les effets protecteurs du gingembre contre le cancer, consultez « Les puissantes propriétés anticancéreuses et chimioprotectrices de cet ingrédient ». Pour découvrir ses bienfaits globaux, reportez-vous à « Étude : Les propriétés anti-inflammatoires du gingembre ».

Comment intégrer le gingembre dans votre alimentation ?

Le gingembre est un trésor culinaire ; lorsqu’il est cuit et ajouté à vos plats préférés, il apporte une délicieuse épice douce et un parfum agréable. Mais il ne se limite pas à relever les plats : qu’il soit frais ou séché, il constitue un allié puissant pour apaiser l’inflammation au niveau cellulaire.

  • Meilleures façons d’utiliser le gingembre frais : Vous pouvez l’ajouter à de l’eau tiède, du thé, des smoothies ou l’incorporer dans vos préparations culinaires maison. Râpé ou finement haché, il s’accorde parfaitement aux currys ou aux sautés.
  • Le gingembre séché a des effets antioxydants renforcés : Le gingembre séché contient des shogaols concentrés,21 ce qui le rend encore plus efficace pour réduire l’inflammation intestinale. Si vous souffrez de troubles digestifs sévères, envisagez de le consommer en petites doses quotidiennes.
  • Introduisez le gingembre progressivement : Cela est particulièrement important si votre intestin est sensible, afin d’éviter toute réaction indésirable. Une fois adapté, augmentez la dose petit à petit.

Quelles autres stratégies peuvent aider à soutenir la santé digestive ?

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MII) et autres troubles digestifs résultent d’une réponse immunitaire excessive, qui expose à des risques sanitaires à long terme. La clé pour inverser ce processus consiste à traiter la cause profonde : l’inflammation chronique.

En complément du gingembre, il est nécessaire d’adopter une approche globale pour apaiser le système immunitaire et régénérer l’intestin de l’intérieur. Voici quelques conseils à suivre :

• Éliminez les aliments pro-inflammatoires de votre alimentation : Ce que vous mangez détermine si votre intestin reste enflammé ou commence à guérir. Les huiles végétales, les sucres transformés, un excès d’oméga-6 et les aliments ultra-transformés favorisent l’inflammation intestinale. Une consommation régulière de ces aliments maintient votre système immunitaire en état d’alerte permanent.

L’essentiel est de les supprimer de votre régime et de privilégier des aliments complets et riches en nutriments, tels que les fruits frais et les légumes bien cuits, qui soutiennent la digestion et la réparation de la muqueuse intestinale.

Remplacez les huiles de graines, riches en acide linoléique (AL), par du ghee, du suif ou du beurre issu d’animaux nourris à l’herbe, et limitez les céréales raffinées ainsi que les sucres, qui exacerbent l’inflammation et perturbent la flore intestinale. Évitez aussi les aliments frits et trop transformés, car ils contiennent des composés nocifs qui aggravent les lésions intestinales.

• Renforcez votre barrière intestinale grâce au butyrate : Si la muqueuse de votre intestin est altérée, les bactéries nuisibles et les toxines peuvent s’infiltrer dans la circulation sanguine, déclenchant ainsi davantage d’inflammation. Renforcer cette barrière intestinal stoppe ce cercle vicieux, et un facteur essentiel pour cela est d’optimiser la production de butyrate.

Le butyrate, un acide gras à chaîne courte produit par certaines bactéries bénéfiques de votre microbiote, aide à maintenir les jonctions serrées dans l’intestin, empêchant le passage de grosses particules ou de toxines dans l’organisme. Ces bonnes bactéries produisent du butyrate dès que vous consommez des fibres spécifiques.

Toutefois, en évitant fruits et légumes entiers et en privilégiant des aliments pauvres en fibres comme les produits transformés, vous affamez ces bactéries, limitant ainsi leur capacité à fermenter les fibres et à fabriquer du butyrate.

Pour approfondir l’importance du butyrate pour la santé intestinale et l’inflammation, consultez « On l’ignore souvent, mais ce nutriment pourrait soulager les maladies auto-immunes ».

• Restaurez l’équilibre de votre système immunitaire en régulant le stress et en améliorant la qualité du sommeil : Votre intestin et votre système immunitaire sont directement impactés par le stress et le sommeil. Le stress chronique fragilise la muqueuse intestinale et alimente l’inflammation, tandis qu’un sommeil de mauvaise qualité perturbe la régulation immunitaire. Pour des conseils pratiques visant à améliorer votre sommeil, consultez « Vous voulez une bonne nuit de sommeil ? Alors voici ce qu’il ne faut jamais faire avant de vous coucher ».

Votre santé intestinale est entièrement sous votre contrôle. En agissant sur l’inflammation à sa source, en modifiant votre alimentation, en réduisant le stress et en utilisant le gingembre de manière stratégique, votre système digestif pourra guérir et fonctionner correctement à nouveau.

FAQ : Questions fréquentes sur les bienfaits du gingembre pour les MII

Q : Comment le gingembre aide-t-il dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MII) ?

R : Les composés du gingembre, dont le furanodiénone (FDN), activent le récepteur X du pregnane (PXR) dans l’intestin. Cela réduit l’inflammation, diminue le stress oxydatif et renforce la barrière intestinale, contribuant ainsi à prévenir les dommages ultérieurs.

Q : Que disent les recherches sur le rôle du gingembre dans la santé intestinale ?

R : Une étude publiée dans « Nature Communications » a montré que le FDN contenu dans le gingembre réduit significativement l’inflammation intestinale et répare les lésions dans des modèles animaux de colite. Une autre étude parue dans « Frontiers in Immunology » a révélé que les gingérols et shogaols suppriment la suractivité des cellules immunitaires.

Q : Pourquoi est-il important d’utiliser le gingembre dès les premiers signes d’inflammation intestinale ?

R : Les recherches indiquent que lorsque les composés du gingembre sont employés précocement, les symptômes sont moins sévères et la guérison plus rapide, comparé à une intervention tardive.

Q : Quel est l’impact du gingembre sur le fonctionnement du système immunitaire ?

R : Les composés du gingembre bloquent les voies inflammatoires telles que NF-κB et MAPK tout en réduisant la suractivation immunitaire. Ils diminuent également des molécules clés de l’inflammation, comme l’interleukine-1 bêta (IL-1β) et le facteur de nécrose tumorale alpha (TNF-α).

Q : Le gingembre est-il une alternative plus sûre aux traitements classiques des MII ?

R : Des études ont montré que les composés du gingembre réduisent l’inflammation intestinale sans endommager le foie ou les reins, contrairement aux corticostéroïdes et immunosuppresseurs qui présentent des risques de lésions organiques et d’infections.