📝EN BREF

  • Une étude menée sur 52 501 patients atteints de diabète de type 2 a révélé des carences nutritionnelles généralisées, la plus fréquente étant celle en vitamine D (60,45 %), suivie par le magnésium (41,95 %) et la vitamine B12 (28,72 %).
  • Une carence en vitamine D nuit considérablement à la fonction insulinique et à la sensibilité à l’insuline, tout en augmentant le risque de complications telles que la rétinopathie diabétique, l’atteinte rénale et les ulcères du pied.
  • Une carence en magnésium aggrave un cercle vicieux chez les diabétiques : un apport insuffisant accroît le risque de développer un diabète, tandis que le diabète entraîne une perte accrue de magnésium par les urines, compromettant davantage le contrôle glycémique.
  • La metformine, médicament antidiabétique le plus couramment prescrit, réduit les taux de vitamine B12 en altérant son absorption, ce qui peut provoquer des lésions nerveuses, des engourdissements et de la fatigue.
  • La localisation géographique influe sur les taux de carence, les Amériques affichant la prévalence la plus élevée, avec 54,04 % des patients diabétiques présentant au moins une carence en micronutriments.

🩺Par le Dr. Mercola

Le diabète de type 2, caractérisé par une hyperglycémie chronique, est l’un des principaux moteurs des troubles métaboliques en Amérique. Si l’approche conventionnelle repose sur la prise de médicaments pour réguler la glycémie, cette solution reste temporaire au mieux.

De multiples facteurs aggravent le diabète, mais les récentes recherches soulignent que les carences nutritionnelles, souvent négligées, compliquent sa prise en charge. En corrigeant ces déséquilibres, on améliore notablement le contrôle de la maladie.

Vue d’ensemble des carences en micronutriments chez les diabétiques

Une méta-analyse publiée dans la revue « BMJ Nutrition, Prevention & Health » s’est penchée sur la prévalence des carences en micronutriments chez les personnes atteintes de diabète de type 2, ainsi que sur l’impact de ces déficits sur l’aggravation de la maladie.

Sur les 7 344 études initialement recensées, seules 132 ont été retenues, totalisant 52 501 participants. À partir de ce corpus, les chercheurs ont cherché à identifier les carences nutritionnelles les plus fréquentes chez les diabétiques, tout en analysant les disparités géographiques selon les continents.

• Près de la moitié des participants présentent des carences en micronutriments : Les données recueillies révèlent que 45,3 % des participants souffraient de plusieurs carences en micronutriments.

• Les déficiences les plus fréquentes concernent la vitamine D, le magnésium et la vitamine B12 : La carence en vitamine D est de loin la plus répandue, touchant 60,45 % des personnes diabétiques. Le magnésium arrive en deuxième position, avec un taux de déficit de 41,95 %. Enfin, 28,72 % des participants présentaient une carence en vitamine B12, principalement liée à la prise de metformine.

• Les femmes sont plus concernées que les hommes : Les différences observées entre les sexes seraient liées à plusieurs facteurs comme le régime alimentaire, les troubles métaboliques ou encore la prise de certains médicaments.

Une carence en vitamine D compromet la fonction de l’insuline et augmente le risque de complications

L’un des résultats les plus marquants révèle que 60,45 % des personnes diabétiques présentent une carence en vitamine D. Ce constat est loin d’être anodin, car la vitamine D joue un rôle essentiel dans le fonctionnement de l’insuline.

• Le lien entre la sensibilité à l’insuline et le taux de vitamine D : L’insuline est l’hormone chargée de réguler la glycémie. Lorsqu’il y a un déficit en vitamine D, la sensibilité à l’insuline diminue. Cette remarque parue dans l'International Journal of Molecular Sciences : Comme le souligne une étude publiée dans la revue « International Journal of Molecular Sciences » :

« Divers mécanismes suggèrent que la vitamine D améliore directement la sensibilité à l’insuline et sa sécrétion. Le taux de vitamine D dans l’organisme peut modifier l’équilibre entre cytokines pro- et anti-inflammatoires, ce qui influence l’action de l’insuline, le métabolisme lipidique, ainsi que le développement et le fonctionnement du tissu adipeux.
De nombreuses études ont mis en évidence une relation inverse entre les concentrations de vitamine D et divers marqueurs inflammatoires, la résistance à l’insuline, l’intolérance au glucose, le syndrome métabolique, l’obésité et les maladies cardiovasculaires ».

• Vitamine D, immunité et inflammation : Au-delà de son rôle dans la régulation de l’insuline, la vitamine D est également cruciale pour le bon fonctionnement du système immunitaire et le contrôle de l’inflammation, deux éléments clés dans la prise en charge du diabète.

Un faible taux de vitamine D a ainsi été associé à un risque accru de complications liées au diabète, telles que la rétinopathie diabétique (RD), la néphropathie diabétique (ND) ou encore les plaies du pied diabétique (DFU). Les auteurs de l’étude précisent que « la RD et la ND sont des complications microvasculaires fréquentes chez les personnes diabétiques ».

• Les plaies du pied, une autre complication fréquente : Corriger une carence en vitamine D favoriserait une cicatrisation plus rapide des lésions. Selon les chercheurs :

« La vitamine D est essentielle au bon fonctionnement du système immunitaire. Elle pourrait inhiber la prolifération des lymphocytes T et la sécrétion de cytokines de type Th1 (comme l’interféron-γ et l’interleukine-2), tout en favorisant la production de cytokines Th2, contribuant ainsi à accélérer la cicatrisation.
Par ailleurs, la vitamine D semble améliorer la réparation des tissus en réduisant le stress oxydatif et le stress du réticulum endoplasmique, tout en modulant l’expression des gènes pro-inflammatoires via la voie NF-κB. Enfin, la signalisation liée à la vitamine D pourrait jouer un rôle dans la prolifération, la migration et la différenciation des cellules souches épidermiques, essentielles au processus de régénération cutanée ».

Une carence en magnésium aggrave la résistance à l’insuline

Le magnésium est l’un des minéraux les plus présents dans l’organisme. Il intervient comme cofacteur dans plus de 300 réactions enzymatiques, notamment la synthèse des protéines, le bon fonctionnement musculaire et nerveux, la régulation de la pression artérielle et le contrôle de la glycémie. Il va sans dire que ce dernier point est particulièrement pertinent dans le cadre du diabète.

• Carence en magnésium et résistance à l’insuline : D’après une étude publiée dans « Frontiers in Nutrition », « la carence en magnésium peut accentuer la résistance à l’insuline, tandis que la résistance à l’insuline peut, en retour, aggraver la carence en magnésium ». Les chercheurs résument ainsi ce mécanisme :

« Les personnes atteintes de diabète de type 2 présentent des taux intracellulaires de magnésium libre plus faibles que les individus non diabétiques. Une concentration adéquate de magnésium dans les cellules est indispensable à l’activation optimale des récepteurs de l’insuline et à la cascade de signalisations qui en découle.
Une carence en magnésium perturbe l’activité de la tyrosine kinase des récepteurs de l’insuline, ce qui nuit à l’utilisation du glucose par les cellules et, à terme, favorise la résistance à l’insuline ».

• Le rôle du magnésium dans la gestion de l’insuline : Une étude menée sur des animaux en 2020 a révélé qu’une augmentation des apports en magnésium permettait d’améliorer la sensibilité à l’insuline, tout en réduisant la résistance. En parallèle, cette supplémentation contribuait aussi à protéger les cellules pancréatiques, essentielles à la production d’insuline et de glucagon, deux hormones majeures dans la régulation de la glycémie.

Un cercle vicieux chez les personnes diabétiques : Un apport alimentaire insuffisant en magnésium augmente le risque de développer un diabète. Et une fois le diabète installé, les pertes de magnésium par les urines s’accentuent. Comme d’autres études l’ont souligné, celle-ci a également mis en évidence que la carence en magnésium « est associée à un moins bon équilibre glycémique et à une résistance accrue à l’insuline chez les patients atteints de diabète de type 2 ».

La metformine est liée à une carence en vitamine B12

Cette même étude met aussi en lumière un problème de taille concernant la metformine, un médicament utilisé pour limiter l’absorption du sucre issu de l’alimentation.

• La carence en vitamine B12 compromet la santé du système nerveux : Parmi les personnes prenant de la metformine, 28,72 % présentaient une carence en vitamine B12 (cobalamine). C’est préoccupant, car cette vitamine joue un rôle essentiel dans le maintien de la santé nerveuse. En cas de déficit, les nerfs peuvent être endommagés, ce qui peut entraîner des symptômes tels qu’un engourdissement, des picotements dans les extrémités, ou une fatigue persistante.

• Une carence banalisée : La metformine est l’un des médicaments les plus prescrits dans la prise en charge du diabète. Selon « Harvard Health Publishing », depuis son autorisation par la « U.S. Food and Drug Administration » en 1995, « elle est devenue le traitement de référence pour les personnes diabétiques qui ne parviennent pas à maîtriser leur glycémie par l’alimentation et l’exercice seuls ».

Malgré sa popularité, plusieurs recherches ont clairement établi un lien entre la metformine et la carence en vitamine B12, un lien d’autant plus marqué que la dose augmente. Le problème est si fréquent que le gouvernement britannique reconnaît officiellement cette carence comme un effet indésirable courant.

• Quel est le mécanisme derrière cette carence ? À ce jour, il n’existe pas encore d’explication définitive, mais certaines hypothèses sont avancées. Selon une étude publiée dans le Journal of Food :D’après une étude parue dans le « World Journal of Diabetes » :

« L’hypothèse la plus répandue est que la metformine interfère avec les ions calcium, empêchant la fixation du complexe IF–vitamine B12 sur son récepteur intestinal (cubiline), ce qui bloque l’absorption de la vitamine ».

Les chercheurs recommandent aux personnes sous metformine de faire doser leur vitamine B12 chaque année, et de prendre des compléments si nécessaire. Cela dit, avec une alimentation adaptée et une bonne hygiène de vie, il est tout à fait possible de réduire sa dépendance à la metformine , voire de s’en passer, sans avoir besoin de suppléments coûteux.

La géographie influence aussi votre risque de carences en nutriments

L’étude mise en avant a révélé d’importantes disparités dans les taux de carences en fonction de la zone géographique.

•Les taux les plus élevés ont été observés sur le continent américain : On estime que 54,04 % des personnes atteintes de diabète dans cette région souffrent d’au moins une carence en micronutriments. D’autres régions, comme l’Asie du Sud-Est, l’Europe et la Méditerranée orientale, affichent-elles aussi une hausse des taux de carence, mais dans une moindre mesure.

• Attention à l’influence de vos traditions socioculturelles sur votre risque de diabète : Selon les chercheurs, « les pratiques culturelles pourraient expliquer certaines disparités géographiques dans les carences en micronutriments ». Il est donc essentiel d’analyser la composition culturelle de votre alimentation et d’y apporter les ajustements nécessaires, dans la mesure du possible, tout en respectant vos convictions.

Cinq stratégies concrètes pour corriger les carences en micronutriments

L’étude citée souligne un point fondamental : en l’absence de nutriments clés, votre organisme peine à réguler l’insuline, à maîtriser l’inflammation et à assurer le bon fonctionnement du système nerveux et musculaire. Ces troubles peuvent sembler mineurs au départ, mais ils contribuent activement à l’aggravation du diabète.

Et pourtant, malgré leur importance, ces carences sont rarement dépistées ou traitées dans les protocoles classiques de prise en charge du diabète. Le système de santé conventionnel reste focalisé sur la prescription de médicaments, en négligeant les déséquilibres nutritionnels à l’origine de la maladie.

Compte tenu des données probantes qui relient ces carences à une aggravation du diabète, il est temps de revoir notre approche : il faut s’attaquer aux causes profondes, par des moyens naturels. Cela implique d’améliorer votre alimentation, d’éviter les médicaments inutiles qui épuisent vos réserves de nutriments, et de fournir à votre corps les éléments dont il a besoin pour fonctionner correctement. Voici mes recommandations :

1. Arrêter progressivement la metformine : Comme nous l’avons vu plus haut, la metformine est connue pour appauvrir l’organisme en vitamine B12, ce qui peut entraîner des lésions nerveuses, une fatigue persistante et des troubles cognitifs. Si vous prenez ce médicament depuis un certain temps, vous vous exposez peut-être à des complications graves, qui vont bien au-delà du simple contrôle glycémique.

Adoptez plutôt une alimentation riche en glucides sains, qui soutiennent vos mitochondries, en évitant les aliments et boissons ultra-transformés. Une étude publiée en 2024 indique que la consommation de sucre raffiné et de boissons édulcorées augmente le risque de diabète de 29 % par rapport aux groupes témoins.

2. Augmenter votre apport en vitamine B12 : Je recommande la consommation régulière d’aliments d’origine animale de haute qualité comme les œufs, les produits laitiers crus issus de vaches nourries à l’herbe, ainsi que les viandes de ruminants. Ce sont les meilleures sources naturelles de vitamine B12. Éliminez également l’alcool, car il perturbe l’absorption de la B12 (ainsi que celle d’autres nutriments essentiels) et accroît le stress oxydatif dans l’organisme.

3. S’exposer davantage au soleil pour faire le plein de vitamine D : La carence en vitamine D est la plus fréquente chez les diabétiques, et elle nuit gravement à la sensibilité à l’insuline.

L’idéal est de s’exposer régulièrement au soleil, surtout en milieu de journée, lorsque les rayons UVB sont les plus efficaces. Mais attention : cette recommandation ne vaut que si vous avez réduit votre consommation d’huiles végétales depuis au moins six mois. En effet, ces huiles sont riches en acide linoléique (AL), un acide gras polyinsaturé qui devient toxique lorsqu’il est exposé à la lumière du soleil.

Dans l’intervalle, privilégiez les sorties matinales ou en fin d’après-midi. Faites également tester votre taux de vitamine D à intervalles réguliers. La fourchette recommandée pour une santé optimale se situe entre 60 et 80 ng/mL.

4. Augmenter votre apport en magnésium : Comme évoqué plus tôt, le magnésium est indispensable au bon fonctionnement de l’insuline, à la production d’énergie et à la santé nerveuse. Il joue aussi un rôle central dans plus de 300 processus enzymatiques.

Bien que je privilégie généralement les apports issus de l’alimentation, le magnésium constitue une exception. La plupart des gens en manquent, et il est difficile d’atteindre l’apport quotidien recommandé de 400 mg uniquement par le biais de l’alimentation.

Une des raisons majeures est l’appauvrissement des sols. L’agriculture intensive a fortement réduit la teneur en minéraux des végétaux, si bien que même les légumes réputés riches en magnésium en contiennent aujourd’hui beaucoup moins. Cela signifie que même avec un régime végétal à base d’aliments entiers, vous pourriez ne pas couvrir vos besoins.

Autre difficulté : les meilleures sources alimentaires de magnésium (graines et oléagineux) sont aussi très riches en acide linoléique, un oméga-6 inflammatoire. Or, la plupart des gens consomment déjà trop de cet acide via les huiles végétales, ce qui accentue les inflammations et perturbe la fonction mitochondriale. Trouver le bon équilibre entre magnésium et graisses oméga-6 peut s’avérer délicat.

C’est pourquoi une supplémentation en magnésium est souvent judicieuse. Je recommande les formes glycinate et malate, qui sont bien assimilées et douces pour le système digestif.

5. S’attaquer aux causes profondes des carences : Si votre corps élimine en permanence des nutriments essentiels, il est indispensable de restaurer la santé de vos cellules. Cela suppose une approche globale :

Réduisez au maximum les huiles végétales : Ces graisses favorisent l’inflammation, le stress oxydatif et les dommages mitochondriaux, ce qui compromet l’utilisation efficace des vitamines et minéraux.

• Limitez votre exposition aux champs électromagnétiques (CEM) : Réduisez le temps passé sur les appareils sans fil et évitez de dormir à proximité d’un routeur Wi-Fi. Les CEM perturbent l’équilibre cellulaire du calcium et du magnésium. Éloignez votre téléphone la nuit et utilisez un réveil analogique.

• Soignez votre microbiote intestinal pour mieux absorber les nutriments : Si votre flore intestinale est altérée, commencez par des jus de fruits avec pulpe, puis introduisez progressivement de l’eau sucrée au dextrose, avant d’ajouter des glucides complexes.

• Évitez les xénoestrogènes : Les microplastiques contiennent de nombreux perturbateurs endocriniens tels que le bisphénol A (BPA), les phtalates et les parabènes, qui ont été associés à une hausse du risque de diabète.

Pour préserver votre santé, limitez autant que possible l’usage du plastique en optant pour des contenants en verre et des matériaux durables. Pour en savoir plus sur ce sujet, consultez mon article : « Des scientifiques découvrent des microplastiques dans les tissus cardiaques et cérébraux  ».