📝EN BREF

  • Le Dr. Nasha Winters est un médecin naturopathe spécialisé dans le traitement du cancer. Elle forme des cliniciens et conseille les professionnels qui soignent les patients atteints d'un cancer
  • Le Dr. Winters demande à ses patients d’effectuer cinq analyses spécifiques avant de les recevoir pour une première consultation. Il s’agit de mesurer des marqueurs qui indiquent l’état d'avancement du cancer et les progrès réalisés à mesure de l’avancement du traitement
  • La première est un hémogramme, une analyse de sang peu coûteuse qui révèle la numération de la formule sanguine (NFS). Elle révèle surtout votre ratio neutrophiles/lymphocytes (RNL), un facteur pronostique de survie globale

🩺Par le Dr. Mercola

Le cancer tue environ 1.600 américains chaque jour. En Chine, ce sont chaque jour 8.100 personnes qui succombent à la maladie. C’est une maladie si courante qu’il est rare de ne pas connaitre au moins une personne qui soit atteinte d'un cancer, et c’est pourquoi le sujet de cette interview est si important.

Le Dr. Nasha Winters est un médecin naturopathe spécialisé dans le traitement du cancer. Si elle a soigné par le passé des patients atteints d'un cancer, elle a aujourd'hui adopté une approche plus efficace, qui consiste à former des cliniciens et à conseiller les professionnels qui soignent les patients.

Les faits parlent d’eux-mêmes

Les gens disent presque tous qu’ils se pensaient en bonne santé avant d’être diagnostiqués d’un cancer, ce qui est tout simplement impossible. Le cancer, comme de nombreuses autres maladies, ne se manifeste que lorsque vous êtes aux trois-quarts du chemin vers l’issue fatale.

Le premier symptôme n’est pas le diagnostic du cancer lui-même. La plupart des cancers mettent des années à se développer avant d’être détectables. Le cancer est un facteur ‘res ipsa loquitur’, ce qui signifie « les faits parlent d'eux-mêmes ». En d'autres termes, vous, d'une façon ou d'une autre, n'aviez pas une bonne hygiène de vie, ou vous n'avez simplement pas réussi à contrer les inévitables expositions toxiques auxquelles le monde moderne nous confronte tous.

Tester, évaluer et traiter - la numération de la formule sanguine

Le Dr. Winters recommande, et demande en réalité à ses patients d’effectuer cinq analyses spécifiques avant de les recevoir pour une première consultation. Il s’agit de mesurer des marqueurs qui indiquent l’état d'avancement du cancer et les progrès réalisés à mesure de l’avancement du traitement.

La première est un hémogramme. Il s'agit d'une analyse simple et peu coûteuse, qui révèle la numération de la formule sanguine (NFS) avec différentiel. Elle comprend des informations sur les globules blancs, les globules rouges, l’hémoglobine, l’hématocrite et les plaquettes.

Elle révèle surtout votre ratio neutrophiles/lymphocytes (RNL), un facteur pronostique de survie globale. Le faible taux de réponse des immunothérapies (de seulement 20 % environ, d'après le Dr. Winters), est en partie dû à ce ratio neutrophiles-lymphocytes.

Le bilan métabolique de base et les lactates déshydrogénases

Le second test que le Dr. Winters recommande systématiquement, c’est un bilan métabolique de base, ou bilan biochimique, qui est également une analyse peu coûteuse. Ce test fournit des informations à propos de vos électrolytes, du fonctionnement de vos organes, de votre fonction cardiovasculaire, et de vos fonctions rénales et hépatiques.

Autrefois, les tests sanguins connus sous les noms de ‘chem-20’ et ‘chem-24’ comprenaient deux mesures importantes qui doivent aujourd'hui être effectuées séparément. L'une d’elles est la mesure des lactates déshydrogénases (LDH), « qui est probablement la mesure la plus sous-employée et la plus importante pour toutes les maladies chroniques », explique le Dr. Winters. Il s’agit d’un marqueur des fonctions métaboliques. Si votre taux de LDH est élevé, cela signifie que vos mitochondries fonctionnent mal.

Ce que les LDH révèlent sur le fonctionnement de vos mitochondries

Quel est donc précisément le lien entre les LDH et le fonctionnement des mitochondries ? Voici ce qu’explique le Dr. Winters :

« Nous nous intéressons ici à la façon dont nous traitons les lactates déshydrogénases, le processus de fermentation ou de gestion de notre énergie via le cycle de Krebs... Pour produire de l'adénosine triphosphate (ATP). Il est étroitement lié aux déshydrogénases, qu’il s'agisse de pyruvate ou de lactate déshydrogénase.
Lorsque ce taux commence à augmenter, cela vous donne de premières indications sur le fait que la structure des mitochondries n’est pas au mieux. Chose importante, que j'ai oublié de mentionner lorsque nous avons commencé à parler des tests de laboratoire, c’est que ces tests sont aujourd'hui bien entendu basés sur la moyenne de la population locale. Si vous vivez dans l’Alabama, par exemple, et que vous faites mesurer votre glycémie, votre résultat sera jugé correct si vous avez une glycémie à jeun de 120.
Si vous vivez dans le Colorado, 90 est considéré comme un taux correct. Cela varie même d'une région à l’autre. Cependant, globalement, vos résultats d'analyses ne doivent pas se situer dans la moyenne. S'agissant de ce que je considère comme fourchette fonctionnelle, ou fourchette idéale (le taux idéal de lactates déhydrogénases, d'après LabCorp, par exemple, est inférieur à 175), je pense que la limite se situe aux alentours de 263.
Si vous faites faire l'analyse par Quest, qui utilise des paramètres différents, le taux ne doit pas être inférieur à 450. Son seuil limite se situe aux alentours de 600 ou 650. L’idéal, pour les lactates déshydrogénases, est de se situer bien en-deçà de la limite supérieure. »

Test de la vitesse de sédimentation

La seconde mesure qui était autrefois systématique dans le cadre d'une biochimie sanguine, mais qui ne l’est plus aujourd'hui, est la vitesse de sédimentation (VS), ou vitesse de sédimentation des érythrocytes. « Il s'agit d'une mesure simple mais très importante, qui indique la vitesse à laquelle vos cellules sanguines, en suspension dans le plasma, chutent au fond du tube à essai », explique le Dr. Winters.

La VS doit idéalement être inférieure à 10. Si elle est supérieure à 10, cela signifie que vos cellules ont plus de mal à se détacher des épais filaments ou échafaudages de fibrine collants, associés à l’inflammation chronique et à l’augmentation du risque de métastases.

Dosage de la protéine C-réactive de haute sensibilité

Le cinquième test que le Dr. Winters recommande systématiquement, est le dosage de la protéine C-réactive de haute sensibilité (PCRhs). Si ce dosage est généralement utilisé comme indicateur de la santé cardiovasculaire, c’est également un facteur pronostique du cancer souvent négligé. Un taux de PCR élevé, quel que soit le type de maladie dont vous souffrez, suggère un mauvais pronostic et un faible taux de survie.

La différence entre la VS et le taux de PCR, c’est que ce dernier est un marqueur général d’inflammation. Il n’indique pas la localisation de l’inflammation. Le taux de PCR doit idéalement être inférieure à 1. Si la valeur limite utilisée par le laboratoire est de 0,3, votre taux doit être inférieur à 0,1. Veillez à faire effectuer un dosage quantitatif des PCRhs, c’est-à-dire qui spécifie votre taux précis, et ne se contente pas d'indiquer si vous êtes dans, en dessous ou au-dessus de la norme, car cela vous permet de suivre vos progrès avec plus de précision.

Profil courant du cancer

« C’est maintenant que les éléments intéressants s'assemblent », explique le Dr. Winters. Si le rôle de ces cinq analyses, individuellement, dans le contrôle de l’avancement du cancer et d'autres processus inflammatoires, est démontré par des études sérieuses, le Dr. Winters a appris, depuis 25 ans qu’elle s’y intéresse, que lorsque les taux de PCR, de LDH, et la VS sont dans des fourchettes fonctionnelles, cela signifie que le patient maîtrise bien sa maladie. Lorsque les trois sortent des fourchettes idéales, le pronostic est plus mauvais. À nouveau, les taux optimaux ou valeurs fonctionnelles seraient :

  • Pour la VS, inférieur à 10
  • Pour la PCR, inférieur à 1 (ou 0,1 selon la méthode de mesure employée)
  • Pour les LDH, inférieur à 175 (ou 450 selon la méthode de mesure employée)

Les biopsies seront sans doute bientôt dépassées

Le Dr. Thomas Seyfried, l’un des meilleurs experts de l'approche métabolique du cancer, est convaincu qu'il faut éviter de pratiquer des biopsies, car elles peuvent entrainer le développement de métastases, et donc favoriser la propagation du cancer. En effet, ce ne sont pas tant les cellules souches cancéreuses qui propagent la maladie, mais plutôt les macrophages hybrides, métamorphosés, qui fusionnent avec les cellules cancéreuses.

Or, les macrophages ont la capacité de se propager via le sang, et d’infiltrer d'autres tissus. Vous en saurez plus à ce sujet en visionnant ma récente interview du Dr. Seyfried. Le Dr. Winters souligne que l’inquiétude à propos des biopsies, qui favoriseraient la propagation du cancer, circule depuis des dizaines d'années.

« Nous avons constaté à de nombreuses reprises que, selon la période du cycle au cours de laquelle est pratiquée une mastectomie, par exemple, ou du type d'anesthésiant utilisé lors d’une biopsie, ou de l’état de santé global du patient, ou même de la taille de la microbiopsie, il existe bel et bien un risque d’infiltration », explique-t-elle.

En dépit de ce risque, les médecins devaient jusqu’à présent absolument réaliser des biopsies pour guider le traitement. C’est en train d'évoluer, dit-elle. Les biopsies liquides sont en train de progresser, et permettent de poser un diagnostic sans effectuer de ponction de tissus. D'après les recherches, et les sommets auxquels elle a assisté à propos des cellules tumorales et des cellules souches circulantes, le Dr. Winters est convaincue que les biopsies seront bientôt abandonnées.

Des outils pour optimiser le résultat des interventions chirurgicales

Si les rayonnements et la chimiothérapie sont rarement des options idéales, la chirurgie peut être indiquée dans certains cas, et vos chances de succès peuvent être optimisées par la mise en place d’une cétose nutritionnelle. Le fait de jeûner pendant quelques jours avant l’intervention chirurgicale peut aider à définir et à démarquer les contours de la tumeur. Les cellules cancéreuses seront également moins agressives, car elles seront relativement affaiblies.

Il est important de souligner ici que suivre un traitement conventionnel (rayonnements, chimio et/ou chirurgie) avant d'avoir adopté une approche holistique, vous fera perdre un temps considérable et anéantira plus ou moins vos chances de succès. En d'autres termes, vous devez être suffisamment courageux pour traiter d’abord l’ensemble de votre corps, avant d'avoir recours à l’une quelconque de ces interventions invasives et extrêmement toxiques.

Une glycémie élevée et la résistance à l’insuline aggravent votre pronostic

Comme le souligne le Dr. Winters, si l’on consulte les statistiques relatives à tous les types de tumeurs, à tous les stades et quels que soient les profils démographiques, on constate que la chimiothérapie présente un taux de réussite global d’environ 3 %. Les rayonnements ont un taux de réussite d’environ 12 % et la chirurgie un taux de réussite de 50 %, le « taux de réussite » faisant référence à la réduction de la taille de la tumeur, et non à l’élimination de toute trace de la maladie.

Elle cite également des éléments démontrant que lorsque votre glycémie et votre taux d'insuline sont élevés, les rayonnements sont inefficaces car lorsqu’elles baignent dans le sucre, les cellules cancéreuses deviennent insensibles aux rayons.

Les rayonnements deviennent également inefficaces si le facteur de croissance de l’endothélium vasculaire est élevé. Là encore, une simple analyse de sang peut vous aider à évaluer les chances de succès d’un traitement par rayonnements. Le Dr. Winters recommande aux patients qui doivent suivre un tel traitement de préparer leur corps aux rayonnements pendant quelques semaines ou quelques mois, en s'attachant à faire baisser leur facteur de croissance apparenté à l’insuline (IGF), leur taux d’hémoglobine glyquée et leur glycémie.

La cétose nutritionnelle dans le traitement du cancer

Tout comme moi, le Dr. Winters considère la cétose nutritionnelle (une alimentation cétogène) comme l’un des outils permettant d'atteindre la flexibilité métabolique. Le jeûne intermittent, les suppléments de cétones exogènes, certaines interventions pharmaceutiques, ou la restriction calorique, sont d'autres outils qui permettent d’y parvenir.

« Nous sommes tous naturellement destinés à être des engins hybrides », dit-elle. « Lorsque nous parlons aujourd'hui d'une alimentation pauvre en glucides, c’était une alimentation normale en termes de glucides, jusqu’aux environs de 1850, lorsque nous avons commencé à transformer le sucre, la farine et le sel, et à en mettre partout. Tout le monde avait naturellement une alimentation pauvre en glucides. Ce n’était pas une mode. C’était tout simplement normal...
Ce qui se produit, à terme, lorsque nous sommes dans un état de flexibilité métabolique, ou que nous avons des cétones dans notre systèmes à certains moments, en particulier en période de chimiothérapie, de rayonnements, au moment d'une intervention chirurgicale, de thérapies ciblées et de thérapies qui bloquent les hormones, c’est que nous améliorons les résultats de ces thérapies.
Les cétones sont en quelque sorte comme des chevaux de Troie, qui acheminent ces thérapies toxiques jusqu'à leur cible. Elles soutiennent les cellules plus saines qui l’entourent. Je considère que c’est un outil thérapeutique. Je ne le considère pas comme un traitement à part entière.
Je pense que c’est un élément important à mettre en avant, et il faut comprendre qu’il existe de multiples façons d'améliorer les résultats. Mais il s'agit là de l’un des meilleurs moyens de toucher plusieurs cibles en même temps, et de réellement réduire les effets secondaires... »

Traitement de la cachexie

Lorsqu’un patient atteint de cancer souffre de cachexie (c’est-à-dire une perte de poids et de masse musculaire), les analyses deviennent cruciales. Comme l’explique le Dr. Winters, « ce n’est pas le fait d’être maigre qui vous tuera, mais le fait d’être cachectique », et il n’est pas possible de déterminer si une personne souffre de cachexie simplement en l’observant.

« Lorsqu’une personne commence à perdre du poids et qu’elle doit suivre une chimiothérapie, les médecins paniquent. Les soignants lui disent ‘Vous ne devez surtout plus perdre de poids. Mangez, mangez, mangez, mangez, mangez.’ Mais la cachexie est un processus inflammatoire, déclenché par les cytokines. Elle est notamment alimentée par le sucre. Il s'agit d'une inflammation et d'un déséquilibre métabolique.
La pire chose à faire avec un patient cachectique, c’est d'avoir recours à la nutrition parentérale totale (NPT). Dans de nombreux services de cancérologie, la TPN est même connue pour marquer le début de la fin. Les principaux ingrédients de ces produits... sont hautement synthétiques, hautement toxiques, quatre types de sucre différents... du gluten et toutes sortes de choses qui accélèrent encore davantage ce processus inflammatoire. »